Petite aparté avant de commencer :
Si je viens de quelque part, si je dois de faire ce métier grâce à quelqu'un, c'est sans doute en premier lieu aux éditions Dupuis que je pense. Et surtout au magazine Spirou. Les gens qui m'ont donné envie viennent de là. Après évidemment, il y en a eu d'autres mais le commencement, c'est eux. Voilà, c'est dit.
Donc, on retourne en 2003. Cette année là, je rencontre Maroin Eluasti par l'intermédiaire d'un pote commun. Son book est clairement orienté dessin animé. C'est rond, c'est coloré, c'est jeunesse. Et ça, ça me déstabilise pas mal. Jusqu'à présent, je me suis plutôt orienté vers les récits adultes et polar. Si on me demande, je dirais que je préfère les histoires sombres... Mais écrire pour la jeunesse m'intéresse. Cela me ramène à mes premiers amours.
Je commence à lui écrire une histoire d'une gamine en Inde durant le XIX ème siècle. Même si ses pages sont chouettes, Maroin et moi savons que ce n'est pas exactement son univers. il n'est pas à l'aise. Il me propose alors de bosser sur un visuel qu'il a fait d'un gamin et son gros chat. Il y a tout à inventer. Mais je suis bien d'accord avec lui, ce dessin claque bien. Alors hop, je fonce !
George et George naissent d'un coup. Maroin tombe les planches en un rien de temps. A leur vision, je sais chez quel éditeur me tourner. Le dossier arrive donc dans la boite mail de Thierry Tinlot, rédacteur en chef de Spirou, un mardi. Ce dernier me répond dans les dix minutes. Et à peine une demi heure plus tard, Benoît Fripiat m'appelle ! Le vendredi suivant, Benoît vient nous rendre visite à Lille. On discute, on se met d'accord. George & moi sera une série Dupuis ! Le mois suivant, c'est même annoncé dans Spirou.
On va donc bosser pendant plusieurs mois. On se déplace à Charleroi pour rendre les planches. Moi, je suis en train de vivre mon rêve de gosse.
Vient alors une "petit événement" impromptu : Dupuis se fait racheté par le groupe Média participation. Bien sûr, ça ne me rassure pas mais tout le monde chez Dupuis semble serein. Le suivi du projet s'en ressent un peu. Du coup, quand on est à une dizaine de pages de la fin, je m'inquiète de ne pas avoir de nouvelles... Je demande si la programmation dans Spirou est toujours à la même date et si la série fait bien la couverture. Là, il y a un certain flottement. Jusqu'à avoir un coup de fil qui explique qu'on ne fera pas la couverture de Spirou... Puis que la série ne passera pas dans le magazine... et avec mon insistance, j'ai le droit de savoir qu'en fait, la série n'aura pas d'album non plus. Dupuis nous rend nos droits. En fait, il y a un peu trop de similitude avec un autre projet qui va sortir, les gens qui soutenaient la série ne sont plus chez Dupuis... Donc hop : poubelle !
Je raccroche. Je gueule un grand coup. Et j'appelle le portable de Laurent Duvault. Un homme que j'avais rencontré chez Dupuis et qui était assez fan de George & moi. Il vient juste de passer chez Soleil. Visiblement, il est plutôt content de mon coup de fil. Il comprend pourquoi je téléphone et me propose de venir le rejoindre dans le catalogue qu'il met en place chez Soleil : NG. Du coup, on signe un beau contrat, et on se lance tout de suite sur le tome 2.
L'album sort avec un joli autocollant et un prix attractif : 6€ ! L'idée est séduisante mais il va arriver quelque chose d'imprévu (one more time). Les libraires spécialisés disent que la collection est orientée "supermarché", les supermarchés n'en veulent pas car nous sommes des inconnus. Toute la communication s'est basée sur le fait que ces nouvelles séries allaient devenir des dessins animés très vite. Mais ce n'est pas forcément le cas. En gros, on a le cul entre deux chaises ! Et même si les ventes sont honorables pour un premier tome d'inconnus, vu le tirage de malade, il parait que c'est une catastrophe. Six mois plus tard le tome 2 sort dans l’indifférence générale. Laurent Duvault est déjà reparti. Ce second tome aura un tirage qui ne sera même pas à la hauteur des ventes du tome 1...
On remballe?
Pas encore. George & moi, c'est le bébé de Maroin. Et lui ne baisse pas les bras. Il va faire le tour de toutes les boites de prod de dessin animé de France pour placer le projet. L'option sera levée deux fois. Mais quand ça veut pas, ça ne veut pas.
Un regret?
Au point où on en est, non. Juste peut-être d'avoir fait une histoire en deux tomes pour les tomes 2 et 3. Du coup, je suis le sadique qui fait une fin horrible pour un album jeunesse...
Un bon souvenir?
Plus d'un ! D'abord, j'ai tout de même placé des histoires courtes dans Spirou. C'est con, mais j'en suis fier. Bien sûr, il y a aussi les chouettes moments avec Maroin... Enfin, cette série m'a donné envie d'écrire pour le "tout public". C'est le premier pas vers Klaw et vers les projets que je suis en train d'écrire...
Plus d'un ! D'abord, j'ai tout de même placé des histoires courtes dans Spirou. C'est con, mais j'en suis fier. Bien sûr, il y a aussi les chouettes moments avec Maroin... Enfin, cette série m'a donné envie d'écrire pour le "tout public". C'est le premier pas vers Klaw et vers les projets que je suis en train d'écrire...
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