jeudi 9 octobre 2014

Coup de rétroviseur n°1 : Hotel Noir.

Cela fait quelques temps déjà que j'y pense : raconter ma petite expérience dans ce beau milieu de la BD à travers mes publications. Expliquer le pourquoi, le comment... Les petits anecdotes vécues, les choses que je ne ferais plus pareil... Histoire aussi de raconter cela une dernière fois avant de tourner la page... 

Alors, on commence chronologiquement : 1999. premier album.


Angoulême 1998. Je rencontre Pierre Paquet pour la première fois. Je n'ai pas grand chose sur moi si ce n'est un book de mes travaux d'illustrateur. Il tombe sur une illu mélangeant la plasticine et le dessin. Il me dit que si j'ai une histoire avec ce genre de rendu, il veut bien lire. Il me dit avoir une collection au format comics où il cherche du monde. Je rentre et dans la semaine, j'écris ce qui va être "Hôtel noir". Très vite Paquet accepte. il m'invite en Suisse pour parler du contrat. En gros, pas d'avance sur droits. Il ne payera que les albums vendus... Avec un projet comme le mien, et aussi parce que j'ai un boulot à coté, j'accepte à mon tour.


Parce que je n'aime pas bosser seul, je propose à mon ami Bruno Lachard de s'occuper des plasticines et des affiches de propagande que l'on peut voir sur les murs de la ville.
Je tombe tous les planches en storyboard. Elles serviront de guide lors de la séance photo. On shoot tous en un weekend. Une dizaine de persos à tordre dans tous les sens... Avec la chaleurs des lampes qui les fait fondre. tous les soirs pendant un moins, je détoure les photos pour pouvoir incruster les personnages dans les décors... Que je réalise par la suite.


Alors que je suis en train de terminer la couleur, Pierre paquet me téléphone : il veut changer le format. Adieu le petit format "comics", bonjour le format standard. la pagination change aussi. On passe de 30 à 46 pages. Bien sûr, impossible de tout refaire. On trouve un compromis : on rajoute une galerie de "fan art" avec des gens comme Eric Herenguel ou David Llyod... Bien sûr, je n'ai pas conscience qu'avec le changement de format, les pages vont sembler vides... Comme je bosse dans le multimédia, je fais gratuitement un cédérom qui sera mis dans l'album avec dessus le premier catalogue numérique d'un éditeur de BD ainsi que le making-of de l'album.


Les choses commencent à mal se passer juste avant la sortie. A l'époque, les éditions Paquet n'ont pas d'argent. Les représentants n'ont rien à montrer aux libraires. Nous sommes juste une ligne sur un listing. C'est vachement tenant "Hotel Noir de Lachard et Ozanam". Vous en voulez combien?
L'album sort en octobre 1999. Dans le mois (il me semble d'ailleurs que c'est encore plus rapide), les éditions Paquet changent de diffuseur. Les libraires renvoient les albums sous peine de ne pas pouvoir se faire rembourser les invendus. Le nouveau diffuseur ne retravaillera pas le titre (pensez-vous, un titre déjà proposé).


Malgré tout ça, l'album est sélectionné par le festival d'Angoulême pour concourir au prix de la première oeuvre. C'est donc un an après que je retourne au FIBD. Là, Paquet me met directement à l'aise en me disant qu'il n'a pas réussi à m'avoir de la Presse. Soit les journalistes trouvent l'histoire glauque, soit ils trouvent que le rendu ne fait pas BD. Je prends ça comme un reproche de la part de mon éditeur. Lui qui pensait qu'on parlerait de l'originalité de l'album, il se retrouve avec un album difficile à vendre...

Puis les choses se dégradent. Comme je suis pris par mon boulot, je laisse un peu ça de coté. Au bout d'un an, je demande mes chiffres de vente. Pierre en personne me les donne par téléphone. Mais rien officiellement. Au bout de plus de deux ans, j'ai mon premier relevé et mon premier (et unique) chèque ! Le plus drôle, c'est qu'il n'y a pas toute la somme : il manque les 30% qu'un éditeur peut retirer pour "les retours éventuels" ! Oui, au bout de deux ans...

De ce jour-là, nous n'avons plus de bonne relation.

Alors, cette première expérience?
Avec le recul, je refuserais carrément le changement de format. Cela a dénaturé l'album. Pour le reste, on va dire que les circonstances n'ont pas joué en ma faveur. Je sais que Paquet n'a pas changé de diffuseur pour me faire chier. J'ai été un dommage collatéral. 
Pour le reste, ce ne sont que des erreurs et des emballements de débutant...
L'album en lui-même, j'en suis encore assez fier. Et je sais bien qu'il a ouvert sur la suite. 



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