mardi 14 octobre 2014

Coup de rétroviseur n°4 : Volubilis.

Conversation téléphonique en 2003 (abrégée) :
- Bonjour Antoine Ozanam?
- Oui?
- Je suis Joachim Regout des éditions Glénat. Glénat Benelux.
- Bonjour.
- Voilà, je lance deux collections. L'une pour des séries et basée sur "le voyage", l'autre pour des one-shots sur "les villes". Cela te tentait de me présenter quelque chose?
- Est-ce que le mouton aime l'herbe grasse?
- Pardon?
- Ce n'est rien, je plaisantais. Oui, cela me tente ! Mais... je n'ai pas forcément de dessinateur sous la main.
- Ce n'est pas un problème. j'ai d'ailleurs le dossier d'un super dessinateur du nom de Jérôme Gantelet...
- Super ! Merci.


L'instant d'après, je reçois le mail contenant des pages de Gantelet. Il n'y a pas à dire, Joachim Regout a bon goût. Reste plus qu'à réfléchir au sujet de ces collections... Je m'oriente d'abord sur l'idée de voyage. Cela colle pas mal à deux trois idées qui me trottent dans la tête. Je remets tout à plat. et je trouve une idée pour faire le lien : le "personnage principal" de la série sera une compagnie de transport, Volubilis. On changera de moyen de transport à chaque tome... 
J'en parle à Joachim qui aime bien l'idée. Je rentre en contact avec le dessinateur avec qui le courant passe du premier coup. On se parle de tout, de rien... J'apprends que Jérôme bosse dans une usine de 5H du mat à 13H. Il compte dessiner dans l'après-midi. Par ailleurs, on se trouve des petits points communs sympathiques (notamment en musique). Bref, je découvre un copain avant de trouver un dessinateur. Ce qui nous empêche pas de commencer à travailler ! On fait le dossier. Il est accepté...
Très vite, il y a une nouveauté dans cette nouvelle collaboration : le directeur de collection fait un suivi du projet. il commente chaque page reçue. je ne suis pas sûr que tout soit justifié mais ça fait tout de même bien plaisir d'avoir un retour. Le problème, c'est qu'on a pas assez de recul. Du coup, quand Joachim nous "impose" une mise en couleur, on accepte [je viens d'avoir Joachim qui me dit que la première proposition que nous lui avions faite lui convenait parfaitement mais que la sphère dirigeante n'en voulait pas]. On le fait de bon cœur. Sauf qu'on fait une erreur. Et on s'en aperçoit que trop tard. L'autre erreur, c'est la couverture. Le dessin n'est pas forcément au top et surtout, cela ne correspond pas à l'intérieur de l'album (une différence de mise en couleur).
Pour la première fois aussi, j'ai le droit d'aller au calage. Un chouette moment. Y'a pas à dire mais ça change tout de même les choses d'y aller.


L'album sort dans le plus grand anonymat. Quelques mois plus tard, j'apprends de copains libraires qu'ils n'ont jamais eu de sollicitation pour cet album (preuves à l'appui). Je m'en ouvre à Laurent Muller chez Glénat France (que je suis allé voir pour Slender Fungus). Il me fait un large sourire et me dit "tu n'avais qu'à miser sur le bon cheval". je n'insiste pas mais je comprends [cette phrase pourrait porter à confusion. Bien sûr que ce que je comprends c'est quel individu est Muller ! Car si on a le droit de ne pas aimer un collègue de travail, on ne s'en vante pas. Et surtout pas devant n'importe qui].
C'est donc sans grand étonnement que j'apprends à la fin du second tome qu'il n'y aura pas de suite. J'accepte avec un peu plus de mal que ce tome 2 ne sorte même pas (toutes les images qui illustrent cet article sont tirées du second tome inédit). Mais Joachim Regout fait les choses bien : il arrive à faire entendre raison à la maison mère et nous retrouvons l'entièreté de nos droits.


Alors du coup, vous relancez le projet?
Bah non. En fait, je crois vraiment que ça a plombé mon pote Jérôme plus que je l'aurais cru au départ. Faut dire que se taper 8 heures de boulots à l'usine et enchaîner sur sa table à dessin, si au final c'est pour que l'album ne sorte même pas, ça rime pas à grand chose. Mieux vaut vivre une vraie vie ! Avec des enfants, des amis... 
si Slender a été mon plus grand regret de série interrompue, Volubilis a la palme de mon plus gros regret d'amitié. Car en plus de tout le reste, j'ai perdu tous contacts avec Jérôme (si d'ailleurs quelqu'un a une adresse...)


Quand j'apprends la fin de Volubilis, j'ai déjà signé George & moi et Eclipse. Mais c'est bien à ce moment là où je décide de m'orienter vers les one-shots. Après tout, quitte à avoir qu'un seul album, essayons de faire en sorte que les lecteurs aient la fin !

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